1. L’INDUSTRIE DES COMMUNICATIONS SPATIALES ET DU VSAT. *

1.1. Les secteurs d’activité de l’industrie spatiale. *

1.2. Les règles juridiques qui régissent les communications spatiales. *

1.3. Les réseaux de type VSAT. *

2. LE MARCHE DE L’INDUSTRIE SPATIALE ET DU VSAT . *

2.1. Description du marché VSAT. *

2.2. Les tendances du marché de l’industrie VSAT. *

Pour la première fois en 1998, le volume de transmission des données a dépassé celui de la voix et cette tendance devrait s’accélérer. D’ici deux à trois ans, les données devraient représenter près de 95% des transmissions. Cette augmentation du trafic est prise en charge par les architectures terrestres classiques comme les réseaux filaire, les réseaux fibre optique et de plus en plus par les satellites de communication. Les satellites VSAT sont particulièrement adaptés pour ce type d’évolution. Commercialisés dès 1985, ils ont été créés pour assurer des transmissions de type voix/données. Actuellement, les services interactifs à large bande sont les nouvelles applications supportées par les satellites de communication de ce type.

Sur le marché des télécommunications par satellite, il est opportun de faire le point sur la gestion des réseaux VSAT. La première partie de ce document présente l’industrie des communications par satellites et en particulier le secteur VSAT. Sa deuxième partie, avec la présentation du marché VSAT, aborde les aspects économiques liés à la gestion de ce type de réseaux.

Le marché correspondant aux services FSS (Fixed Satellite Services) est le plus mûr avec ses 150 satellites présents en orbite. Les revenus des fournisseurs proviennent de la location des transpondeurs qui assurent la transmission de données, de la voix et de la vidéo. Ceux-ci sont loués par des entreprises pour assurer la transmission de leurs programmes, Viacom, Turner Broadcasting, ou par des fournisseurs de services téléphoniques pour compléter leur infrastructure terrestre. Il faut compter entre 2 et 4 millions de dollars par an pour pouvoir disposer d’un transpondeur. Cependant, compte tenu de la dérégulation du marché des télécommunications, les opérateurs de satellites fournissent de plus en plus de services directement à l’utilisateur final.

Les types de satellites Big ou Little LEO fournissent les services suivants : PCS, Personnal Communication System, téléphonie cellulaire par satellites ; transmission de messages ; applications de téléphonie fixe dans les pays émergeants.

Les services DTH, Direct To Home, permettent la diffusion via satellites de données multimédia aux particuliers : accès à Internet, téléchargement de logiciels, réception numérique de programmes de télévision.

Outre les textes pertinents de l’UIT, les principes internationaux applicables dans le domaine des radiocommunications sont, pour partie, tirés du droit des activités spatiales. L’une des particularités de ce droit est qu’il vise, au premier chef, les Etats.

Le traité sur les principes régissant les activités des Etats en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique (27 janvier 1967), pose de nombreux principes applicables aux radiocommunications. Il  définit en particulier les principes de conformité au droit international, d’égalité et de liberté des Etats qui peuvent mettre en place des systèmes de radiocommunications. Ces deux dernières règles obligent les Etats à une coopération permanente. Le droit de l’espace dégage à cet effet un principe de coopération interétatique. Les Etats parties au traité devront se fonder sur les principes de la coopération et de l’assistance mutuelle posé par l’article 9.

On en considère deux : la station terrienne et la spatiale. Le droit de l’espace général et le Règlement des radiocommunications déterminent leur régime.

L’élément essentiel du régime des engins spatiaux est leur attachement à l’espace extra-atmosphérique. Ces satellites, comme les engins en haute mer exclusive de souveraineté, sont sous juridiction de l’Etat ou de l’organisme reconnu propriétaire. L’immatriculation du satellite permet d’identifier et de déterminer la propriété (Convention du 14 janvier 1975 en son article II).

On considère que les administrations sont responsables des stations terriennes installées sur leur territoire national. Les Etats sont soumis à des procédures de coordination lorsqu’une station terrienne est susceptible de gêner le bon fonctionnement des communications ou de fausser l’assignation en fréquences planifiée entre Etats.

La plus grande ressource spatiale actuelle est constituée par l’orbite des satellites géostationnaires et le spectre de fréquences. Cette ressource permet d’établir des télécommunications sans encombre en usant des ondes. Aussi, les Etats sont-ils attentifs à l’exploitation de l’orbite et du spectre qui sont des "ressources naturelles limitées " et " doivent être utilisées de manière rationnelles, efficace et économique " (art.4 , n°196 de la Constitution de l’UIT) . Ce qui explique les controverses continues entre Etats sur la gestion et les règles à observer s’agissant de ces ressources. Toutefois, sur nombre de points, des compromis ont été trouvés.

La déréglementation du secteur des télécommunications au niveau mondial a cassé les dernières barrières pour le développement mondial des réseaux VSAT. En 1985, au moment de l’introduction des premiers réseaux VSAT aux Etats-Unis, la croissance internationale de cette technologie était gênée par les régulations strictes du secteur des télécommunications qui s’appliquaient dans la majorité des pays à travers le monde. Beaucoup d’opérateurs nationaux, spécialement en Europe, considéraient les communications par satellites en général et par systèmes VSATs en particulier, comme une technologie en compétition avec leurs infrastructures terrestres. En réponse à cet obstacle, les vendeurs de réseaux VSATs commencèrent par diriger leurs efforts de marketing en direction d’autres marchés étrangers, principalement en Asie et en Amérique Latine.

Le principal changement en Europe s’est produit en 1989 avec la chute du mur de Berlin et les demandes des principales banques germaniques, Dresdner Bank, Kommerzbank et Bayrishe Vereinskank, pour la mise en place des distributeurs automatiques de billets alors que chacune d’elles cherchaient à se positionner rapidement sur ce nouveau marché.

Les décisions de la Commission européenne, associée à une forte demande du marché en nouveaux moyens de télécommunication, ont conduit à la libéralisation de ce secteur. Le livre vert de la Commission publié en novembre 1990 propose d’étendre les politiques européennes du secteur des télécommunications aux satellites par la libéralisation des accès au segment spatial commercialisé par des fournisseurs de services indépendants. L’ouverture à la concurrence du secteur des télécommunications dans l’Union européenne depuis janvier 1998 a permis la mise en place de services de communication pan-européens dans lesquels les réseaux de satellites ont une place importante.

Les réseaux VSATs relient les entreprises a leur maison mère, des magasins de distribution avec leurs grossistes et les institutions financières à leurs agences. Au milieu des années quatre vingt, ils ont initialement été utilisés par les grands groupes pour la transmission de leurs services voix, données et vidéo. Depuis quelques années, les petites entreprises et les particuliers ont rejoint les légions d’acheteurs de petites stations terrestres.

VSAT, Very Small Aperture Terminal, est une technique de transmission de données qui utilise des satellites en orbite géostationnaire autour de la terre. Elle utilise des antennes de réception et de transmission de petites tailles qui varient, en fonction des fréquences, de 0,9 à 1,8 mètres. Cette technologie consomme des bandes de fréquences de type Ku (bande 12,5-14,25 GHz), en Europe ou aux Etats-Unis avec l’utilisation de petites antennes, ou de type C (bande 3400-6650 MHz), en Asie, Afrique et en Amérique du sud avec l’utilisation des antennes de plus grandes tailles.

Ce secteur de l’industrie spatiale est très mûr. En effet, les premières commercialisations des services VSATs ont commencé dès 1985. L’expérience technique accumulée aux cours de ces quinze dernières années a permis la mise en œuvre de réseaux VSATs dotés d’une très grande fiabilité. Les stations VSATs distantes ne tombent en panne que tous les dix ans en moyenne. La qualité du service pour la transmission de données est de une erreur pour un million de caractères transmis. Cette valeur est valable pour 99.9 pour cent du temps.

De part sa nature liée à la technologie satellite, VSAT est un médium particulièrement adapté à la diffusion d’informations sous la forme de données, de sons ou de vidéos. Il peut gérer, au niveau réseau, des applications haut débit pouvant atteindre des vitesses de transmission de 20 Mbps en voie descendante et de 76,8 Kbps en voie montante.

De plus, VSAT utilisant un segment terrestre limité, fournit des services indépendants des opérateurs locaux. La technologie VSAT est ainsi une des réponses au manque de sûreté, de disponibilité et de couverture des infrastructures des réseaux terrestres.

Un réseau de type VSAT est constitué d’un hub central, station terrestre principale, de stations VSATs distantes et d’un segment spatial sur le transpondeur satellite. La station hub est toujours plus importante que les stations distantes et est fréquemment localisée près du centre informatique du client.

Pour la gestion des communications, les données transmises par ce type de réseau empruntent deux segments, l’un terrestre et l’autre spatial.

Le segment terrestre est constitué du hub et des stations terrestres. L’installation d’une station terminale est facile. Deux personnes peuvent en installer deux ou trois par jour. Elle est constituée de trois éléments : une antenne satellite fixe ; une tête satellite contenant un système électronique pour gérer les signaux en émission et en réception ; un boîtier intérieur pour gérer les connexions entre les équipements des utilisateurs et le satellite (voir figure 1).

Le segment spatial, quant à lui, représente les liens établis vers et depuis le satellite. Les informations du hub sont transmises au transpondeur du satellite de communication qu’il retransmet aux stations VSATs distantes. Inversement, ces dernières envoient des informations via le même transpondeur satellite à la station hub. Cette topologie où toutes les communications passent via un hub unique est appelée configuration en étoile (voir figure 1). Elle utilise des communications de type point à point. Une autre configuration est de type point-multipoints ou réseau de diffusion. Ces types de réseaux sont capables de gérer des communications entre un " hub " central est des milliers de sites distants.

Figure 1 : transmission de données au travers d’un réseau VSAT

La technologie VSAT permet de garantir des services à valeur ajoutée comme la visioconférence, l’enseignement à distance et la diffusion de données multimédia (vidéo, émissions radiophoniques, messagerie, etc.). D’autres services peuvent être mentionnés comme l’interconnexion de réseaux LAN, la gestion de réseaux caractérisés par un nombre important de transactions sur un domaine très étendu (applications liées à l’administration des postes d’essence ou des terminaux de loterie nationale), la mise en place de canaux haut débit pour le réseau Internet, la création ou l’extension de réseaux Intranet, la téléphonie publique en milieu rural, la télémédecine, etc.

La technologie VSAT, contrairement à la plupart de ses concurrentes terrestres, est parfaitement adaptée à la transmission de données multimédia (voir tableau 1). En effet, de part ses capacités de transmission, le réseau téléphonique commuté n’est pas adapté pour ce type d’application. De plus, le réseau ISDN, gérant difficilement les pics de trafic, ne peut pas assurer les interconnexions entre les réseaux locaux (LAN). Enfin, la technologie Relais de trames ne gère pas correctement la transmission de la voix, car les délais d’acheminement sur ce type de réseau ne sont pas garantis.

Tableau 1 : VSAT comparé aux technologies terrestres

L’utilisation de la technologie VSAT pour la constitution d’un réseau étendu à partir de 200 sites installés est une solution économiquement viable par rapport aux architectures terrestres de transmission telles que le RNIS ou le Relais de trames qui manquent de disponibilité géographique (voir tableau 2). De plus, le ratio coût/distance n’existe pas pour ce type de réseau contrairement à certains réseaux terrestres. Enfin, les coûts sont prévisibles et stables ce qui permet de planifier parfaitement les budgets de mise en place et de fonctionnement du réseau.

Tableau 2 : VSAT comparé aux autres technologies terrestres

Les nouvelles stations VSAT disposent de boucles locales radio pour joindre les utilisateurs finaux. De ce fait, les réseaux VSAT se trouvent, en partie, en position de concurrence avec les services proposés par les grands LEO, Low Earth Orbit, que sont les réseaux Iridium (septembre 1998), GlobalStar (mi 1999) ou ICO (2000). Contrairement à ces dernières technologies, les réseaux VSAT disposent d’une technologie très mûre. Ils sont caractérisés par une exploitation commerciale qui a commencé dès 1985, par une haute qualité de service, une très grande fiabilité, une facilité d’installation et d’administration, et des prix matériels très à la baisse. Le prix d’une station VSAT a fortement baissé et est passé de 15 000, en 1985, à 2 000 $ à l’heure actuelle (voir tableau 3).

Tableau 3 : évolution indicative des prix et des débits des stations VSATs distantes

A l’opposé, Iridium, projet le plus coûteux en investissement des LEO dont le lancement commercial date de septembre 1998, connaît actuellement d’importants problèmes financiers. Le consortium international de télécommunications cellulaires a indiqué qu'il ne serait probablement pas en mesure de respecter ses engagements sur un emprunt de 800 millions de dollars pour la date limite du 3 mai, faisant plonger le titre de 28%. Iridium examine les alternatives pour restructurer sa dette, réduire ses coûts de financement et compte trouver rapidement un accord avec les investisseurs et les créanciers sur un plan de restructuration du capital du consortium. Au total, la dette du groupe se monte à 1,5 milliard de dollars.

Les nouvelles générations de satellites se positionnent sur le marché des communications à haut débit. Ainsi, les réseaux VSATs évoluent vers de plus grandes capacités de transmission, l’utilisation de fréquences plus élevées, bande Ka (20 - 30 GHz), de nouveaux protocoles de communication et de meilleurs systèmes d’administration. De nouvelles architectures VSATs intégreront des réseaux à transmission de paquets haut débit avec des temps de réponse meilleurs comparativement à d’autres technologies comme celles des modem-câbles et le RNIS. Le marché visé est celui du multimédia en ligne.

Les opérateurs de réseaux VSAT misent sur l’augmentation de leur capacité de transport pour faire face à la demande en bande passante due à l’explosion d’Internet.

Eutelsat, par exemple, se positionne sur le marché de la capacité réseau à la demande destinée aux communications des entreprises et des institutions qui fonctionneront sur la base du paiement à l’utilisation du canal. Appelée EWDS (EUTELSAT Wideband DAMA Services), cette technologie permettra de supporter des applications telles que les interconnections LAN, les transferts de fichiers à haut débit et de nombreux protocoles de communication standards tels que le Relais de trames et le RNIS.

L’autre marché convoité par les réseaux VSAT est celui de la téléphonie et en particulier celui de la boucle locale radio. Actuellement tous les opérateurs VSATs intègrent le service voix dans l’offre VSAT. Ils sont prêts à le fournir à des prix très concurrentiels.

Dans les zones rurales caractérisées par une faible densité de population, les opérateurs VSAT comptent y installer des stations avec des capacités de 1 à 2 voix téléphoniques ou permettant le service téléphone pour desservir les petites entreprises et les villages dans les pays en voie de développement.

Intelsat en partenariat avec la société STM Wireless a développé un prototype de boucle locale radio, Wireless Local Loop (WLL), associé à des stations VSAT. Ce produit jouera un rôle-clef pour assurer le développement de nouveaux services téléphoniques à couverture mondiale basés sur le satellite. Le prototype WLL/VSAT repose sur une architecture VSAT DAMA (Demand Assigned Multiple Access) et un réseau radio de type DECT (Digital European Cordless Technologie). La technologie DAMA permet de facturer uniquement en fonction de la durée d'utilisation d’un circuit. Ce futur produit est destiné au marché téléphonique des zones ayant une faible ou moyenne densité. Il devrait pouvoir réduire les coûts par ligne de 40% par rapport aux systèmes actuels.

Intelsat a annoncé 18 mars 1999 le démarrage au Sénégal d'un nouvel essai de téléphonie rurale. Au cours de cet essai de trois mois, plusieurs villages disposeront du service téléphonique à l'aide de deux stations dotées d'un terminal de très petit diamètre et d'un équipement de boucle locale radio (VSAT/WLL, Wireless Local Loop). L'objectif de l'essai est de démontrer qu'il est techniquement faisable d'assurer une interconnexion d'installations de type WLL par les satellites d'Intelsat, y compris le raccordement des services téléphoniques au réseau public commuté. Avec ce nouvel essai, Intelsat entend promouvoir toute une gamme de produits de téléphonie rurale, allant des VSAT seuls, qui permettent d'acheminer quelques circuits, à plusieurs solutions combinées VSAT/WLL, capables de desservir de vingt à plusieurs centaines d'abonnés dans des régions éloignées.

Intelsat, en tant que fournisseur traditionnel de services de satellites géostationnaires visant à desservir des abonnés fixes, est extrêmement bien placé pour offrir des tarifs à la minute très compétitifs (tarifs minimums de 0,10 dollar la minute), surtout à l'aide de la dernière technologie DAMA qui est facturée uniquement en fonction de la durée d'utilisation du circuit. Des réseaux de téléphonie rurale basés sur les VSAT ont notamment été établis à l'aide d'Intelsat en Afrique du Sud, au Venezuela et au Pérou. En Afrique du Sud, Telkom a fait démarrer un projet de téléphonie rurale qui comprendra plus de 1 000 stations VSAT. Au Venezuela, une coentreprise entre CANTV et DTPI a démarré à l'initiative d'ALTAIR dans le cadre de laquelle plus de 70 unités ont été installées et des centaines d'autres sont prévues. Enfin, au cours de l'essai qui vient de se terminer au Pérou, Intelsat a réussi a démontrer la faisabilité de l'utilisation de ses satellites pour relier un réseau WLL AMPS et raccorder les services de téléphonie au réseau public commuté.

Les services VSAT se sont diversifiés, transmission de la voix et interconnexion de réseau LAN, et évoluent vers des services à très hauts débits avec des systèmes géostationnaires simples, voir tableau 4, ou couplés avec des Méga LEO décrits dans le tableau 5.

Tableau 4 : les futurs systèmes géostationnaires

Tableau 5 : Mega LEOs et systèmes combinés (LEO + Géostationnaires)

Les revenus générés par l’industrie spatiale sont estimés à plus de 120 milliards de dollars à l’an 2 000. Ils se ventilent selon quatre types d’activités.

Premièrement, les services de télécommunication tels que la téléphonie, les systèmes de communications personnelles, la diffusion professionnelle de programmes de télévision et de vidéos, distribution de contenus aux fournisseurs locaux du câble, et la diffusion de programmes de télévision et de radio aux particuliers (Direct-to-home TV and Radio).

Deuxièmement, le poste budgétaire de support se compose de montants liés aux frais d’assurances, de consultations techniques ou juridiques ou de sommes à verser pour disposer de fréquences radio.

Troisièmement, des revenus sont générés par la vente d’applications intégrant des systèmes d’information pour la surveillance de terres, cartographie de la terre, positionnement (GPS) et mesures liées à l’environnement (services météo ou de contrôle des océans).

Quatrièmement, les derniers revenus à prendre en compte sont ceux liés aux infrastructures comme la construction de satellites et de lanceurs et les opérations de lancement. Le prix du lancement d’un satellite géostationnaire représente une part importante des frais d’infrastructures. En effet, le prix d’un engin spatial de ce type équivaut au prix de sa mise en orbite soit près d’un demi-milliard de dollars. On peut noter que 60% des satellites géostationnaires en activité ont été lancés par la société Ariane Espace.

Ces différents soldes sont pris en compte dans le tableau et la figure ci-dessous.

Tableau 6 : évolution des revenus de l’industrie spatiale entre 1995 et l’an 2000

 Figure 2 : les prévisions concernant la répartition

des revenus de l’industrie spatiale à l’an 2 000

La prévision de croissance de cette industrie est évaluée à 60% entre 1996 et l’an 2000. Son nombre d’employés est proche de 100 000 personnes et ce secteur génère près de 70 000 nouveaux emplois par an.

• Stations services : gestion des stocks.

1992 Amoco + Texaco = 7 000 sites

Shell = 3 000 sites

Agip, BP, Esso, Fina, Total

• Chaînes de restauration rapide : Mc Donald’s
• Chaînes de la grande distribution

1992 : 7 000 sites dont Casino

• Les banques : depuis 1995, VISA et MasterCard utilisent la technologie VSAT. Celle-ci assure les interconnexions entre leurs sites d’Amériques latine, d’Europe, d’Afrique et du moyen Orient. Elle permet d’assurer la gestion des transactions bancaires (comptes et cartes de crédit).
• Les compagnies d’assurance : mise à jour de données administratives.
• Les administrations : télégrammes et messagerie diplomatique au ministère des affaires étrangères.
• Loteries nationales :

1995 : 4000 sites aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.

• Industrie automobile : le groupe PSA

Figure 3 : nombre de stations VSAT installées en fonctions des secteurs et de la zone géographique (1995).

Le succès du système VSAT s’explique également par l’augmentation des services proposés. Les opérateurs VSAT utilisant de nouveaux canaux de distribution se positionnent sur deux secteurs porteurs, le premier celui de la transmission de données à hauts débits et le deuxième celui de la téléphonie.

Les réseaux VSATs sont indépendants des compagnies locales de télécommunication ce qui encourage de nouveaux opérateurs à entrer sur le marché des télécommunications.

Suite à la déréglementation des télécommunications au niveau mondial, nous assistons à l’émergence au niveau régional et national de nouveaux opérateurs. Ces derniers souhaitent fournir de nouveaux services en matière de télécommunication fondés sur des réseaux étendus pour proposer des applications de réseaux traditionnelles ou novatrices. Les réseaux VSAT sont parfaitement adaptés à ces demandes.

Pour cela, les distributeurs de réseaux VSATs offrent le "one stop shopping ". Le client s’adresse à un vendeur unique pour l’étude, nombre de stations à installer, calcul de la capacité du transpondeur satellite, la mise en place, installation des antennes, des équipement d’extrémité, l’exploitation, configuration de la station d’administration, équipe d’exploitation du système, et la maintenance, intervention sur site en cas de panne, d’un réseau de type VSAT .

Intelsat est le propriétaire et l'exploitant d'un système mondial de télécommunication par satellites qui fournit de la capacité pour l’Internet, des services de téléphonie et de réseaux d'entreprise, réseaux Intranet, ainsi que des services audiovisuels à plus de 200 pays et territoires. Il dispose d’une flotte de 19 satellites en orbite géostationnaire et gère 2 000 stations terrestres.

Intelsat est une organisation internationale à caractère commercial constituée d’états membres de l’UIT. L’article V de l’accord Intelsat dispose que l’" intérêt financier dans Intelsat de chaque signataire est égale au montant obtenu en appliquant sa part d’investissement, exprimée en pourcentage". Elle joue le rôle de service public international des télécommunications par satellite pour que les pays puissent avoir un égal accès au segment spatial.

Le segment spatial d’Intelsat est composé de 19 satellites en orbite géostationnaire répartis de la manière suivante :

AOR, Atlantic Ocean Region. Ces satellites desservent les Amériques, les Caraïbes, l’Europe, le moyen Orient et l’Afrique avec des orbites comprises entre 304,5°E et 359°E.

IOR, Indian Ocean Region. Ces satellites desservent l’Europe, l’Afrique, l’Asie, le moyen Orient, l’Inde et l’Australie avec des orbites comprises entre 33°E et 66°E.

APR, Asia Pacific Region. Ces satellites desservent l’Europe, l’Afrique, l’Asie, le moyen Orient, l’Inde et l’Australie avec des orbites comprises entre 72°E et 82°E. Ces services seront commercialisés au cours du second semestre1999.

POR, Pacific Ocean Region. Ces satellites desservent l’Asie, l’Australie, le Pacifique et l’Ouest de l’Amérique du nord avec des orbites comprises entre 174°E et 180°E.

Eutelsat contrôle une flotte de 14 satellites en orbite géostationnaire situés entre 12,5° Ouest et 48° Est (constellations de satellites de type W2 et Hot Bird). Cette organisation est composée de représentants gouvernementaux de 50 pays et d’opérateurs. Elles proposent des services fixes et mobiles en Europe, Afrique, Asie et aux Amériques et en particulier des services appelés SMS, Business services. Pour ceux-ci, près de 20 transpondeurs sont utilisés par leurs réseaux VSAT pour des applications telles que la vidéoconférence, la gestion de stocke, la télémédecine, l’enseignement à distance, la diffusion d’agences de presse.

GE Spacenet et sa filiale Gilat est l’un des premiers fournisseurs de terminaux à petites ouvertures (VSATs) et de services de données via satellites. Avec 15 ans d’expérience dans ce domaine, ils ont vendu à ce jour plus de 92 000 stations VSATs pour fournir, à travers le monde, des services VSAT à des opérateurs de télécommunications, des organismes du monde des affaires, financiers et gouvernementaux

Hughes est le plus important constructeur de satellites. Il a construit par exemple les 5 satellites de nom INTELSAT VI, de la société Intelsat, et a produit et installé les deux tiers des stations VSAT, soient 200 000 terminaux de ce type.

Alcatel Espace est un constructeur et un opérateur de système de communication par satellites. Il dispose actuellement de trois satellites GEO de type EUROSTAR qui se situent sur les positions orbitales suivantes :

• AfriStar : ce satellite dessert l’Afrique et le moyen Orient et se situe à 21° Est ;
• AsiaStar : ce satellite dessert l’Asie et se situe à 105° Est ;
• AmeriStar : ce satellite dessert l’Amérique du sud et se situe à 95° Est.

Ce groupe propose des offres de communications nationales, d'entreprises et d’audiovisuelles professionnelles. Dans ces domaines, il offre des réseaux de type VSAT d'une capacité allant jusqu'à 128 Kbit/s par porteuse, le système multiservice de type VSAT Alcatel 9740 NE permet une reconfiguration dynamique du trafic et l'accès à la demande aux canaux satellites (technologie DAMA). Cette dernière technique répond aux besoins de la téléphonie publique pour les communications urbaines de faible débit et les liaisons entre villes et sites isolés. Elle a été conçue également pour les communications multiservices d'entreprises : téléphone, fax, visioconférence, transmission de données, transfert de fichiers, accès à Internet, etc. Composé d'une station centrale et de microstations compactes (1 à 3 mètres de diamètre) d'une grande simplicité d'utilisation, cette technique permet en outre l'interconnexion avec tout réseau téléphonique public ou privé.

Une série de commandes récentes a fait de Matra Marconi Space un des leaders dans le domaine des satellites de diffusion. Les satellites actuels sont fondés sur la famille de EUROSTAR construits en coopération avec Alcatel Espace. Ses clients se répartissent dans le monde entier : en Europe, Eutelsat et la Société Européenne de Satellites, Singapore Telecom et Chunghwa Telecom Co Ltd de Taiwan, Worldspace Inc, la radiotélévision égyptienne. Pour la première fois de son histoire INTELSAT, la plus importante et la plus ancienne organisation internationale de télécommunication par satellite a choisi un maître d’œuvre en dehors du territoire nord-américain. Ce satellite, le NEWSKIES K-TV, entièrement conçu et fabriqué par Matra Marconi Space a été lancé début 1999.

Figure 4 : parts de marché des constructeurs pour les satellites en orbite (1997)

Figure 5 : parts de marché des constructeurs pour les satellites en construction (1997)

Les lanceurs américains et européens sont fabriqués par les entreprises mentionnées ci-dessous :

Boeing : Sea Launch ;

Ariane Espace : Ariane V ;

Mc Donnell Douglas : Delta III et IV ;

Lockheed Martin : Atlas IIAS.

Les communications par satellites est un marché à haut risque, car ce secteur est très concurrentiel et nécessite la levée de masses importantes de capitaux pour assurer la croissance d’un opérateur comme Eutelsat.

La clientèle d’EutelSat sont les fournisseurs de services Internet, les diffuseurs de données, de programmes de télévision et de radio. Pour assurer sa croissance, EutelSat souhaite orienter son activité pour conquérir de nouveaux marchés et proposer de nouveaux services.

EutelSat étend sa couverture traditionnelle qui est l’Europe et le bassin méditerranéen. Grâce à sa nouvelle position satellite, 12°5 ouest, cette entreprise assure pour la première fois la connexité entre l’Europe et l’Amérique du Nord pour les prestations de services Internet et les radiodiffuseurs. Avec les lancements de SESAT, Asie, et de W2, Afrique et Océan indien, ces nouvelles mises en orbite permettent d’étendre la couverture des services proposés par cet opérateur.

Le satellite est le moyen le plus rapide et le plus rentable pour assurer le transport des données et de la vidéo qui représente le secteur à plus forte croissance. Eutelsat souhaite être le transporteur des opérateurs de télécommunications. Il veut leur offrir des services haut débit pour Internet en utilisant les protocoles TCP/IP et des programmes vidéo destinés aux télévisions numériques via le protocole DVB. L’intégration de ces services permet d’utiliser les mêmes infrastructures et plate-formes de réception.

Eutelsat vient de s’associer avec EasyNet, fournisseur d’accès à Internet, pour mettre sur le marché le service multimédia Visiosat destiné aux particuliers. Ce dernier permet de transférer des données, de disposer d’un accès Internet en réception de l’ordre de 2 Mb/s et de recevoir la télévision numérique (DVB-MPEG2).

La globalisation.

Vingt pays disposent de programmes nationaux pour le développement des infrastructures spatiales comme les Etats-Unis, l’Union Européenne, la Chine et le Japon. Les pays émergeants d’Europe de l’Est, d’Afrique, d’Amérique du Sud ou du Pacifique souhaitent disposer du segment spatial.

Déréglementations et privatisations.

La dérégulation et l’ouverture du marché des télécommunications dans la majorité des pays a contribué à la privatisation des opérateurs nationaux, à l’apparition de nouveaux concurrents et de nouveaux services. De plus, nous avons assisté au cours de ces dernières années aux privatisations de nombreuses activités spatiales qui étaient traditionnellement gérées par l’Etat comme par celles d’Ariane Espace et de Spot Image.

La communauté financière a reconnu l’émergence de l’industrie spatiale. Ce marché devient attractif compte tenu de ses performances financières.

La convergence technologique est caractérisée par l’intégration des services voix/données/images qui permet d’utiliser les mêmes infrastructure et terminaux d’extrémité.

Les fonds gouvernementaux.

L'expansion de ce secteur a été assurée par de nombreux programmes civiles et militaires qui ont disposé d’importants contrats gouvernementaux provenant en particulier de la NASA et du Département de la défense américaine (DoD).

Les constructeurs comme Hughes, Lockheed Martin et Loral Space & Communications sont les principaux constructeurs de satellites. Pour le marché des lanceurs, Ariane Espace est leader pour la mise en orbite des satellites géostationnaires.

Les sites commandés entre 86 et 94 ont augmenté de 20 à 30% l’an. Moins de 200 000 stations terminales ont été installées en 10 ans (1985-95). Depuis 1996, la croissance de ce secteur a été exponentielle (voir figure 6). Les revenus générés par la vente des stations terrestres représentent une valeur qui a dépassé les 250 millions de dollars en 1998. Fin 1998, plus de 300 000 stations distantes de type VSAT sont installées à travers le monde, situées principalement en Amérique du nord (voir figure 7).

Figure 6 : nombre de sites VSAT vendus dans le monde en fonction des années

Figure 7 : répartition des systèmes VSAT à travers le monde (1995)

Avec un marché des télécommunications non desservi estimé à 5 milliards de personnes et avec une demande mondiale croissante pour la transmission de données, le marché des télécommunications dispose de suffisamment d’espace pour se développer.

L’utilisation des réseaux VSAT devrait progresser étant donné que le coût d’utilisation des satellites continu de diminuer au travers d’une large gamme de services et de plus grandes capacités de transmission. Ainsi, la croissance du nombre de transpondeurs devrait fortement augmenter.

L’explosion de la croissance des boucles locales radio en Inde, Asie, Europe de l’Est, Afrique du Nord devrait permettre aux entreprises de ce secteur de prospérer. Ces zones géographiques qui disposent d’un réseau terrestre de faible densité, particulièrement en Chine et en Inde, sont les marchés où l’utilisation de la technologie VSAT dispose d’un très grand potentiel de croissance (voir figure 8).

Figure 8 : densité des installations téléphoniques en fonction de la zone géographique

La croissance du trafic de données a profité aux réseaux de satellites de type VSAT. Ils sont caractérisés par une très grande fiabilité technique et une expérience commerciale de près de quinze ans. Les systèmes VSATs résistent bien à la concurrence des constellations de satellites de type LEO ou MEO qui sont actuellement immatures tant au niveau commercial que technique.

Les opérateurs de segments spatiaux et terrestres de type VSAT ont été très innovants pour, d’une part, atteindre de nouveaux clients et proposer de nouveaux services intégrés. La base des clients VSAT, traditionnellement centrée sur les grands groupes, s’est élargie pour intégrer les petites entreprises et les particuliers. Les services proposés par VSAT sont de type multimédia avec en particulier des canaux de communication à haut débit, des accès à Internet, à la télévision numérique et à la phonie fixe ou sans fil. Les nouvelles techniques suivantes contribueront au maintien de la croissance de ces réseaux. La technologie DAMA donne la possibilité aux opérateurs de facturer à la durée les communications. Des boucles locales radio couplées au système VSAT permettent d’atteindre les clients finaux en limitant les infrastructures terrestres. Les bandes de fréquences évoluent vers la bande Ka pour atteindre des vitesses de transmission de plus en plus élevées. Les techniques de transmissions de paquets à haut débit de type IP, Relais de trames ou ATM seront intégrées dans les futures offres.

Les satellites géostationnaires sont de plus en plus volumineux et disposent de capacités de transmission de plus en plus élevées. Ils s’associeront avec des constellations de satellites de type MEO pour fournir les services de télécommunications par satellites de demain.

" Stat of space industry ", Edition Reston, Space West, 1997.

Blaise Tchikaya, " Le droit international des télécommunications ", Que sais-je ?, Presses Universitaires de France, 1998.

http ://308.206.40.158/gilat/

http ://207.69.201.132